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L’arrivée d’un bébé est toujours synonyme de joie et de bonheur. Si les premiers jours peuvent s’avèrer un peu délicats pour les jeunes parents, ceux-ci finissent par apprendre les bons gestes. Car c’est de cela qu’il s’agit au tout début. On apprend comment allaiter, comment donner le bain, comment changer les couches, comment donner un biberon, … Des gestes, a priori, mécaniques, mais il n’empêche que chaque geste est enveloppé dans un écrin de douceur et de tendresse, chaque conatct est une révélation d’amour. Cependant, au fur et à mesure que le temps passe, et il passe très rapidement, les choses ont tendance à se compliquer. Et chaque étape de la vie d’un enfant a ses spécificités, ses problèmes, …
Les tâches se corsent dès que bébé quitte son maxi-cosy pour s’essayer à la marche. C’est la grande aventure des premiers pas pour parents et bébé. La vigilance doit être multipliée par mille. Bébé a envie de découvrir cet univers qu’il a scruté pendant plusieurs mois, sans pouvoir y toucher. Et là, il se sent «maître» de ses gestes, il est content, hyper excité de se mouvoir, d’être «indépendant», même s’il ne tient pas encore son équilibre. Ce qui amplifie les craintes des parents. C’est le début des «non, il ne faut pas toucher», «non, c’est dangereux», «non ce n’est pas pour bébé», ….
Et plus le bébé grandit, plus les règles s’installent, et plus les récalcitrances apparaîssent. Et c’est là, où ça devient super compliqué.
Si la tâche peut sembler simple pour certains parents, pour d’autres elle est très ardue. Nous sommes confrontés au quotidien à des situations, qui peuvent parfois être très difficiles : Désobéissance, provocations, crises de larmes, non respect des règles, caprices, … Bref, parfois on perd le contrôle. Certains parents ne savent pas, où se situent les limites. Est-on trop permissif, ou trop laxiste ? Sommes-nous de bons parents ? Quand faut-il punir un enfant, et comment le punir ? Un tas de questions nous taraudent, nous avons beau lire, chercher, poser des questions autour de nous, nous n’avons pas des réponses à tout. C’est dire qu’être parents ne s’improvise pas, c’est un métier qui s’apprend.
Ghita Alami, psychologue clinicienne, spécialiste enfant-ado et parent, vient de lancer, «L’école des parents», une première au Maroc. Elle nous en parle dans cet entretien.
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«Le métier de parents ne s’improvise pas !»
La Nouvelle Tribune : Vous êtes à l’origine, de «l’Ecole des parents», une initiative novatrive. En quoi consiste ce concept ?
Ghita Alami : Comme son nom l’indique, c’est une formation qui s’adresse à tous les parents. Les papas aussi bien que les mamans. C’est une formation qui englobe tous les aspects de la psychologie de l’enfant. Etalée sur plusieurs mois, à raison d’un atelier par mois, cette formation ambitionne de donner aux parents les outils nécessaires pour mener à bien, au quotidien, leur mission de parents. Durant, chaque atelier, d’une durée d’une journée, on va étudier tous les aspects psychologiques de l’enfant par tranche d’âge. On démarre le 15 février, avec une formation qui concerne les 0-3 ans et on enchaîne jusqu’à 18 ans. Donc, durant la formation, on va étudier tout le développement psychologique, psycho-affectif et cognitif de l’enfant. Plusieurs thèmes seront abordés selon l’âge et les problèmes rencontrés.
Concrètement, qu’est-ce à dire ?
On va voir comment se développe l’enfant, comment se développe la relation parents-enfants, ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. On va également s’intéresser à l’aspect comportemental. Les matinées seront consacrées au volet téhéorique, et l’après-midi, sera conscaré aux questions réponses, aux études de situations, etc. L’objectif étant de développer des compétences parentales, de parler des difficultés de parents et de trouver des réponses adaptées, à terme. On va essayer d’apporter le maximum de réponses pratiques. Ce ne sera pas être du prêt à porter, mais du prêt à penser. A partir du moment où les parents vont étudier eux-mêmes comment fonctionne un enfant dans sa tête, qu’est-ce qui est normal par rapport à son âge, par rapport à son intélligence, les réponses vont venir d’eux.
De quoi est née cette volonté de créer l’Ecole des parents ?
De par mon travail, j’ai remarqué qu’il y avait d’importants troubles chez certaines personnes, qu’on aurait pu éviter si les parents avaient connaissance et conscience du développement de l’enfant. Certains parents peuvent avoir des comportements inadmissibles, mais qui pensent que c’est normal. Ils ne le font pas avec l’intention de nuire, ou par méchanceté, mais par ignorance. Au bout du compte, je me suis dit il y a quelque chose à faire pour changer les choses. Au lieu d’attendre d’avoir des enfants, à 10-11 ans malades, il faut anticiper, prévenir, en informant et en formant les parents, de manière à éviter des situations de troubles. De la même manière qu’une femme qui est enceinte, va essayer de se renseigner pour savoir ce qu’il faut éviter pour ne pas compromettre sa grossesse ou le développement de son foetus ; donc elle doit, au même titre que le papa quand l’enfant naît, s’informer.
Etes-vous en train de dire qu’être parents est un métier, il ne s’improvise pas, il s’apprend ?
Absolument. C’est vrai, qu’il y a le côté inné, lorsqu’on parle d’amour et d’affection, mais, il y a tout le reste. L’éducation de tous les jours, une fois que l’enfant est scolarisé, on est confronté à de nouveaux problèmes. Dès le primaire, les difficultés peuvent surgir. Donc, si on n’est pas outillé, si on n’a pas les renseignements nécessaires, on risque de se perdre. D’où l’intérêt encore une fois de l’apprentisage.
Vous avez évoqué certains troubles chez l’enfant, quels sont les problèmes qui sont fréquent ches les enfants marocains ?
Il y a deux choses qu’on retrouve beaucoup. La dépression est très fréquente chez les enfants en bas âge. Nous avons beaucoup d’enfants de 6-7 ans, qui font des dépressions niées et déniées (masquées). Ce sont malheuresuement des enfants tristes, dépressifs, mais on ne le remarque pas forcèment. Ensuite, il y a des problèmes scolaires qui reviennent également très souvent dans les consultations. D’ailleurs, je vais démarrer au mois de mars une autre formation qui s’adresse aux enseignants pour les aider à déceler ce genre de problèmes chez l’enfant et surtout les former à trouver des solutions. Car parfois, il suffit d’un petit déclic pour aider l’enfant.
Vous démarrez la première formation dans quelques jours, est-ce que le concept a trouvé un écho favorable auprès des parents ? Et quels types de profils s’y intéressent ?
Nous avons reçu beaucoup de demandes, mais pour que la formation soit intéressante, on préfère travailler en petits groupes. Ce qui est surprenant, c’est qu’en plus des parents, nous avons été sollicités par beaucoup de professionnels tels que des coachs qui travaillent avec les enfants et les adultes, des journalistes, ….
Un dernier mot pour conclure ?
C’est une formation globale, qui est échelonnée sur plusieurs mois par tranche d’âge. Cela veut dire qu’il faut faire l’ensemble de la formation pour être en mesure de comprendre le fonctionnement de l’enfant dans sa globalité.
Si on a un enfant qui a 7 ans par exemple, il faut absolument passer par l’étape des 0-3 ans. Car si on ne comprend pas ce qui se passe dans les premiers mois d’une vie, c’est très difficile de comprendre la suite. L’idéal serait donc, de faire au moins la première formation qui est la plus basique.
Entretien réalisé par Leila Ouazry